Et si on parlait d’hypnose en pédiatrie ?
par MBAM
Publié le 2 décembre 2020
Par le Dr Sylvie Berciaud, pédiatre au CHU de Bordeaux
L’hypnose c’est quoi ?
Dans un monde où nos enfants sont de plus en plus tôt exposés au stress et aux technologies virtuelles, leur proposer un retour aux sources, leur apprendre à reconnaître leurs émotions, leur faire prendre conscience de leurs ressources et leurs compétences prend tout son sens.
L’hypnose fait partie de ces techniques non médicamenteuses de plus en plus utilisées en pédiatrie que ce soit en milieu hospitalier ou non. L’hypnose est un état naturel qui se produit parfois spontanément sans que l’enfant ne l’identifie comme tel : lors de la lecture d’un livre, d’un jeu, d’un film ou encore lorsqu’il joue ou écoute de la musique. Son attention est alors entièrement focalisée sur son activité, la notion du temps devient floue et il perçoit moins son environnement extérieur.
Les caractéristiques de cet état ont été décrites par Barell et Price (et rapporté par C.Wood) comme un sentiment de détente et de relaxation, une attention soutenue et une absorption centrée ou focalisée sur une ou plusieurs cibles, une absence de jugement, de contrôle et de censure, une suspension de l’orientation temporo-spatiale habituelle et du sens de soi, une expérience d’un accès à des réponses automatiques (sans effort ni délibération).
Les bienfaits de l’hypnose sont reconnus scientifiquement dans plusieurs situations comme : la douleur aiguë, chronique ou induite par les soins (prélèvements, pansements…), l’anxiété, la peur (notamment des soins), l’accompagnement au bloc opératoire, les troubles du sommeil, l’énurésie, certains troubles du comportement et bien d’autres encore ! L’hypnose est un outil non médicamenteux qui peut venir en complément de la prise en charge de l’enfant.
Cela peut permettre à l’enfant de vivre ces situations de manière différente, de leur apporter davantage de bien être, d’autonomie et vous serez sûrement surpris de les voir accomplir beaucoup de choses par eux-mêmes !
L’hypnose en pratique
Avant toute prise en charge en hypnose il convient de bien choisir le thérapeute. Il est important de s’assurer du type de formation du thérapeute (qui doit être reconnue) et notamment de son expérience en pédiatrie, en cas de doute n’hésitez pas à en parler à votre médecin. L’hypnose fait également son entrée à l’hôpital, de plus en plus de personnel hospitalier est formé en hypnose n’hésitez pas à vous renseigner dans le service qui accueille votre enfant.
La prise en charge en hypnose est aussi et surtout une relation de confiance entre l’enfant et le thérapeute. Généralement la première séance est l’occasion d’une première prise de contact à l’origine de cette relation de confiance. Lors de la séance d’hypnose le thérapeute va proposer à l’enfant de fixer son attention sur une ou des perception(s) précise(s). En fonction de son tempérament et/ou de son âge ce peut être une ou des perceptions visuelle, auditive, kinesthésique, olfactive ou gustative (ce qu’on résume sous l’acronyme VAKOG). Il se produit alors une isolation sensorielle progressive et l’enfant va faire abstraction des éléments extérieurs et intérieurs pour ne se concentrer que sur cette (ou ces) perception(s). Après cette phase dite « d’induction », l’enfant est alors physiquement présent alors qu’il est mentalement en partie ailleurs, guidé par le thérapeute : c’est ce qu’on appel l’état dissocié. Le thérapeute, souvent à l’aide de métaphores, peut alors amener l’enfant à imaginer d’autres types fonctionnements, à moduler ce qu’il ressent, c’est « la transe hypnotique ». C’est un processus dynamique et ce d’autant plus chez l’enfant qui peut entrer ou sortir de l’état d’hypnose très facilement. Si les enfants le souhaitent les parents peuvent assister à une ou des séances mais ce n’est pas obligatoire.
L’hypnose est un merveilleux outil à utiliser en particulier chez l’enfant et ce à partir de 6 ans environ. La frontière entre son monde réel et son imaginaire étant étroite, il est particulièrement réceptif. En réalité les capacités d’hypnose sont limitées avant trois ans et maximales entre 7 et 14 ans. Le thérapeute saura s’adapter à l’âge de l’enfant pour l’aider à accéder à cet état et possiblement lui apprendre l’auto-hypnose. En effet l’enfant peut tout à fait arriver avec un peu d’entrainement, à retrouver cet état de confort, de bien-être dès qu’il en ressentira le besoin.
Chez le petit enfant on utilise plus facilement ce qu’on appelle l’hypnose conversationnelle. Le principe est simple : utiliser des mots bienveillants en évitant d’utiliser la négation avec une intonation rassurante. On utilise alors volontiers les techniques de distraction en association : bulles de savons, chanson, livres …
En résumé
L’hypnose est un état naturel que chaque enfant peut apprendre à retrouver quand bon lui semble. C’est un outil non médicamenteux qui peut être utilisé dans différentes situations (douleur, anxiété, peur et bien d’autres encore). L’enfant devient alors acteur de sa prise en charge et peut prendre de la distance par rapport aux évènements du quotidien. Laissez-les créer leur bulle de bonheur !